Tout le monde chez Saipol a entendu parler d’Ebitda, même si au départ, le terme n’est ni simple à prononcer ni à comprendre. Normal, il appartient aux codes de la finance. Chaque mois, cet indicateur de performance de l’entreprise est transformé par l’équipe financière en outil de communication, au côté du Balanced Scorecard, afin de suivre la réalisation du budget et maîtriser les risques. À ce jeu, l’entreprise ressort plutôt gagnante, et pas uniquement sur les critères économiques. Barbara Ferrand-Lecocq, directrice financière, explique la politique de communication financière qu’elle a mis en place depuis 2018.
Qui lit des rapports de 300 pages maculés de chiffres dans une entreprise ? Personne. Et pourtant, dans ces liasses, se trouvent des pépites qui permettent de maîtriser les risques et de mieux piloter les flux d’argent. Alors rien d’étonnant qu’à peine arrivée en 2018 à la tête des finances, Barbara Ferrand-Lecocq les a habilement archivés, sait-on jamais… et s’est vite empressée d’instituer une nouvelle règle de jeu dans le partage de ces informations si stratégiques : Parlons chiffres, régulièrement, à la juste dose pour donner la bonne information. « Tout métier a son langage, précise-t-elle. Mais, le retour à la rentabilité passe par une mise à disposition auprès des managers d’indicateurs pertinents afin qu’ils puissent prendre la bonne décision ».
L’activité de Saipol repose pour partie sur une prise de risques liée à la volatilité des marchés. Le rôle de la directrice financière est de veiller au cadre d’intervention fixé auprès des traders. Elle s’appuie aussi sur son équipe, pluridisciplinaire, pour partager les indicateurs de suivi du plan stratégique élaboré en 2018. Ils sont présentés chaque mois auprès des responsables et des partenaires sociaux, en donnant du sens à son action. « Dans mes communications financières, je m’adresse à tous les employés, complète-t-elle, j’explique ce l’on fait et pourquoi. »
La pédagogie de la complexité
Alors quelle est sa recette pour rendre compréhensif ce qui apparaît abscond ? D’abord en montrant les performances de Saipol au sein du groupe Avril : « C’est bien plus motivant », relève Barbara Ferrand-Lecocq. Puis en se fiant sur l’analyse d’écart Ebitda*, laquelle permet d’évaluer la performance de l’entreprise. Elle compare celui du budget à ce qui est concrètement réalisé au fil de l’exercice. « C’est The indicateur !, sourit-elle. L’outil est très visuel : un graphe et des briques rouges ou vertes que l’on déplace pour apprécier les influences négatives et positives afin de tenir les objectifs ». Presque un jeu ! D’ailleurs cette représentation s’appelle un bridge. Même si au départ, son appréhension n’est pas innée, l’Ebitda est aujourd’hui de mieux en mieux compris par les salariés grâce à la pédagogie.
Le budget n’est pas qu’une histoire de performance financière
Second outil de communication déployé : la balance scorecard. Là encore une affaire de briques, neuf au total, classées par catégories d’initiatives que l’on doit accomplir pour coller au plan stratégique. Ce tableau de pilotage est équilibré car il ne s’arrête pas au seul résultat financier. Il regarde les volets création de valeur, social, la performance industrielle, le système d’information, l’innovation, la qualité, les risques et la sécurité. Ces thèmes regroupent tous les projets co-construits dans l’entreprise. Ils reçoivent leur code couleur, vert, orange ou rouge selon leur adéquation avec les objectifs fixés. Le budget n’est pas qu’une histoire de performance financière ! « Maintenant cela tourne, je suis confiante en notre capacité à redresser notre entreprise, conclut-elle. Notre méthode livre ce qu’elle devait livrer. En 2021, nous sommes en droite ligne avec le plan stratégique ! Le retour à la rentabilité se concrétise surtout grâce à l’action collective. »
* Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissements
« Pour trouver de nouveaux relais de croissance, il faut les bons outils financiers, accessibles pour tous. »