CAMELINE

Cameline en interculture : 2025 se prépare maintenant !

Article rédigé le 28 août 2024
Avant même d’avoir récolté la cameline en interculture 2024, il est déjà temps d’anticiper les semis 2025 pour les agriculteurs et les organismes stockeurs. Explications.

Pour répondre aux futurs besoins en carburants d’aviation durables et permettre au secteur de l’aviation de s’inscrire dans la trajectoire de décarbonation fixé par la commission européenne, Saipol a lancé le marché des intercultures au début de l’année 2024. Identifiée depuis 2018 par Saipol, la cameline produite en interculture est l’une des solutions du mix énergétique qui permettra la décarbonation de l’aéronautique. Pour accompagner le développement de cette nouvelle interculture Saipol a mis en place dès 2024 des conditions incitatives suscitant l’intérêt de nombreux agriculteurs pour cette année de pilote grandeur nature.

En effet, dans l’idée de préparer le terrain à une montée en puissance des volumes dès 2025 Saipol, accompagné d’une dizaine d’organismes stockeurs, a permis l’engagement de près de 2 000 hectares de cameline en interculture partout en France. Si finalement, sur fond de conditions météo très humides au semis, il est trop tôt pour savoir la surface réelle qui pourra être récoltée, les parcelles de 2024 serviront à consolider les itinéraires techniques pour les années à venir. Les agriculteurs et organismes stockeurs intéressés pour introduire cette interculture dans les rotations en 2025, doivent se faire connaitre dès à présent.

– UNE RÈGLE D’OR : ANTICIPER

Une des clés de réussite identifiée pour la cameline en interculture, est le choix du bon précédent. Elle doit être implantée après une culture principale à la récolte précoce comme les pois protéagineux, pois de conserve, orges d’hiver et/ou blé précoces, afin d’être semée avant le 10 juillet pour pouvoir la récolter 90 à 100 jours plus tard. Le choix d’une variété d’orge ou de blé produisant peu de volume de paille est connu pour faciliter l’implantation de la cameline dont le semis peut être fortement perturbé par la quantité de pailles au sol. De plus, la cameline doit idéalement être semée dans les 24h suivant la récolte pour bénéficier de l’humidité résiduelle des sols, qui diminue rapidement dans les heures qui suivent la moisson. Et chaque jour compte car,  « un jour de perdu au semis après la moisson équivaut à 5 jours de perdus à la récolte » précise Guillaume De La Forest, chef de projet cameline chez Saipol. Les agriculteurs doivent donc choisir une culture principale à la récolte précoce afin de pouvoir semer la cameline en interculture au moment idéal pour lui permettre de fermer son cycle rapidement, sans impacter le semis de la culture suivante.

La cameline en interculture doit être menée avec la même rigueur qu’une culture principale. De nombreux aspects techniques comme la profondeur de semis ont fait l’objet d’un cahier des charges réalisé avec Arvalis et Terres Inovia. Pour des conditions optimales de récolte, les réglages de la batteuse ont également été documentés dans un guide à destination des agriculteurs du programme cameline de Saipol (disponible sur demande). Les organismes collecteurs jouent un rôle majeur pour accompagner les agriculteurs dans l’application de ces méthodes ainsi que pour le transport, stockage, nettoyage et séchage de cette toute petite graine. Les partenaires OS de Saipol engagés en 2024 et identifiés pour 2025, seront les premiers à bénéficier des analyses et des retours de plaine dès cet automne.

Pour un agriculteur, l’anticipation tient donc en 3 points :

  1. Choisir un précédent adapté
  2. Pouvoir semer la cameline dans les 24h après la récolte
  3. Se rapprocher de son organisme stockeur.

Pour un OS, il faudra rapidement se rapprocher de Saipol pour vérifier l’éligibilité (certification de la durabilité) et calibrer la commande de semence chez notre fournisseur dédié : Camelina Company.

– UNE PREMIÈRE ÉTAPE DANS LE DÉCOLLAGE DES SURFACES

Pour soutenir l’essor de ce marché et inciter un maximum d’acteurs à se lancer dans cette nouvelle initiative dès la 1ère année, Saipol a proposé pour l’année 2024, un prix minimum garanti à l’agriculteur de 600€/t pour une graine propre (2% d’impuretés maximum) et sèche (9% d’humidité maximum) et respectant les conditions de durabilité de Saipol, ainsi qu’un accompagnement financier pour les organismes collecteurs. Outre cette rémunération significative, Saipol a également mis en place une « garantie récolte » de 100€/hectare, pour toute surface non récoltée qui aurait été cultivée dans le respect du cahier des charges. Pour 2025, les modalités d’accompagnement de Saipol ne sont pas encore définies mais elles s’appuieront sur l’expérience de 2024 afin de poursuivre l’engagement progressif de nouveaux agriculteurs et organismes stockeurs, et ainsi répondre à une partie des besoins en carburants d’aviation durables. Après avoir ciblé 2 000 tonnes de graines cette année, Saipol compte bien faire décoller les volumes de cameline en interculture et ainsi maintenir son ambition de multiplier.

– LES INTERCULTURES UN OUTIL DE LA STRATÉGIE EUROPÉENNE DE DÉCARBONATION DE L’AVIATION

Pour parvenir à l’objectif réglementaire de réduction des émissions de GES de 55% fixé par l’Union européenne d’ici 2030, les fournisseurs de carburants d’aviation des aéroports de l’UE devront progressivement accroître la part de carburants durables dans les volumes distribués, issus d’interculture ou carburants de synthèse. Concrètement, à partir du 1er janvier 2025, au départ des aéroports européens de plus de 800 000 passagers, les fournisseurs de carburants aéronautiques devront incorporer au minimum 2% de carburants durables, puis 6% en 2030, 20% en 2035 et jusqu’à 70% en 2050, promettant un bel avenir aux cultures intermédiaires. « Si aujourd’hui peu de cultures cochent toutes les cases, Saipol étudie d’autres espèces qui pourraient être cultivées entre deux cultures principales » conclut Guillaume De La Forest.