CAMELINE & CARINATA

Bioéconomie : Cameline et Brassica carinata

Article rédigé le 25 avril 2024
Le volet technique du développement des intercultures oléagineuses pour les carburants d’aviation durables se structure avec les acteurs des projets CARINA et 4CE-MED.

ARVALIS, Terres Inovia et Saipol ont réuni les agriculteurs, institutionnels et acteurs du monde agricole le 12 mars dernier pour une journée technique appelée « journée cameline : relever les défis techniques de l’amont à l’aval », organisée dans le cadre des projets européens CARINA et 4CE-MED.

Cet événement, qui s’est tenu sur la ferme expérimentale d’ARVALIS à Boigneville, a permis aux partenaires de partager les dernières recommandations techniques pour accompagner le développement de cameline et Brassica carinata en intercultures, qui seront utilisées notamment pour le développement des carburants d‘aviation durables.

– UN PROGRAMME D’EXPÉRIMENTATION SOUTENU PAR CARINA ET 4CE-MED

Les deux projets européens CARINA et 4CE-MED étudient des systèmes de culture mobilisateurs de nouvelles ressources durables pour l’énergie en limitant les concurrences d‘usage des sols.

Le projet CARINA soutenu par l’Union européenne vise à diversifier les systèmes de culture grâce à la culture de deux plantes oléagineuses, la Brassica carinata et la cameline. Les différentes stratégies de diversification étudiées pour ces deux cultures aux cycles courts visent à réduire la concurrence d’usage des sols. Les conduites en interculture de la cameline ou de Brassica carinata, en association ou sur terres marginales sont travaillées avec les acteurs des filières afin de développer des systèmes de culture durables en tenant compte de différents modes d’insertion et d’itinéraires techniques associés. La valorisation de ces productions est travaillée dans une optique d’économie circulaire pour valoriser les coproduits en substances de biocontrôle. En combinant stratégiquement ces cultures, le projet CARINA vise à renforcer la stabilité des rendements, à améliorer les revenus des agriculteurs et à promouvoir la durabilité globale des systèmes agricoles. En outre, cette initiative vise à contribuer à la croissance et au développement du secteur de la bioéconomie. Afin de faciliter le déploiement de systèmes innovants, CARINA abordera également les questions de certification des matières premières à faible impact sur l’environnement destinées à l’industrie biosourcée.

Le projet 4CE-MED soutenu par PRIMA a initié les travaux sur la cameline dans des systèmes de double culture en zone méditerranéenne. Ce projet a également permis de travailler sur les voies d’insertion de cette culture avec les acteurs des filières dans une logique de durabilité et de co-conception, notamment dans des systèmes en agriculture de conservation.

A l’occasion de la journée technique, les instituts techniques agricoles Terres Inovia et Arvalis ont partagé les résultats de leurs derniers travaux sur la cameline : ils ont mis en avant les différents modes d’insertion de la cameline dans les systèmes de culture, et proposé des recommandations techniques adaptées pour les différents modes de production, les points d’attention et les conditions de réussite. Les instituts devront également explorer de nouvelles questions dans le cadre de leurs activités de recherche sur la cameline, comme le préfauchage pour avancer la récolte, les modalités de semis et de gestion de la paille du précédent, les zones de faisabilité de la culture en fonction du contexte pédoclimatique… A noter que de gros enjeux existent encore pour les dérobés : stabilisation des rendements sur la cameline en dérobé estivale dans un contexte climatique incertain, capacité de récolter la cameline assez précocement pour pouvoir implanter une culture après pour la cameline en dérobée hivernale par exemple.

Les instituts techniques ont aussi proposé à cette occasion des recommandations pour différents itinéraires techniques : dérobé d’été et dérobé d’hiver, sous formes de fiche disponibles auprès des instituts.

– LES INSTITUTS TECHNIQUES PRÊTS A ACCOMPAGNER LE DÉVELOPPEMENT DES INTERCULTURES SUR LE TERRAIN

En interculture d’été, aussi appelée dérobée estivale, la cameline a été étudiée dans un vaste réseau de parcelles agriculteurs par Terres Inovia, Saipol et différentes coopératives. Pois d’hiver et orge sont les deux précédents majeurs pour un semis avant le 10/07, avec de moindres contraintes techniques après pois. La gestion du mode d’implantation après céréale doit être bien travaillée, préférentiellement en semis direct à dents. Une fertilisation de 10 à 40 unités selon le précédent permet d’améliorer l’implantation de la culture. Le semis doit être réalisé dès la récolte. L’organisation du travail pour assurer récolte et le semis dans la foulée est un enjeu majeur. En dépit de la tolérance à la sécheresse de la cameline, les potentiels de production dépendent de la pluviométrie estivale, notamment à la levée : de 0.5 à 1.5 t/ha. La récolte se déroulera fin septembre début octobre.

Cette même cameline peut être semée à l’automne juste avant la campagne de semis de céréales (1 au 20/10 du Nord au Sud) pour être récoltée en mai avant l’implantation d’une culture principale d’été (sorgho, tournesol, soja, sarrasin, maïs) un peu tardive. La date de récolte est une condition de réussite essentielle de cette succession ; le choix de culture alimentaire et des variétés associées seront aussi déterminants. Le pré-fauchage est une technique étudiée et serait une option d’intérêt (Pour en savoir plus : Impact du fauchage-andainage sur la récolte de cameline d’hiver – ARVALIS.fr (youtube.com)). Les besoins en fertilisation azotée sont aussi réduits (40 à 60 kg N/ha).

Les points clés de chaque mode de production sont à l’étude : l’alimentation hydrique pour les intercultures d’été et la réussite des cultures principales après cameline en interculture d’hiver. Des techniques comme le relay cropping sont aussi travaillées face à ces contraintes.

– UN DÉPLOIEMENT PROGRESSIF DÈS 2024 CADRÉ PAR UN DÉBOUCHÉ INDUSTRIEL PROPOSÉ PAR SAIPOL

Acteur industriel du projet Carina en relation avec les metteurs en marché, Saipol a présenté les résultats des expérimentations des années précédentes et exposé les ambitions pour 2024. Afin d’accompagner la montée en puissance des cultures intermédiaires oléagineuses pour répondre aux futurs besoins en carburants d’aviation durables, Saipol initie dès 2024 le marché des intercultures oléagineuses en France en proposant un prix attractif pour les graines de cameline en interculture. Concrètement, par l’intermédiaire des organismes collecteurs ciblés, les graines de cameline bénéficieront d’un prix incitatif ainsi que d’une « garantie récolte » si le cahier des charges est respecté. Véritable opportunité pour les agriculteurs et les organismes collecteurs, Saipol a pour objectif de préparer le terrain à une montée en puissance des volumes dès la récolte suivante (voir le communiqué).

Saipol compte transformer jusqu’à 2 000 tonnes de graines d’intercultures françaises dès 2024 puis multiplier par 5 les volumes transformés dès la récolte 2025, prenant le leadership en Europe sur la transformation des intercultures pour les carburants d’aviation durables, en assurant le partage de la valeur.

– AUTRES AXES À L’ÉTUDE

La journée du 12/03 a également permis d’aborder d’autres voies de production pour des marchés bas carbone : les cultures en association ou en culture principale après d’autres cultures intermédiaires pour le biogaz par exemple. Cette journée sera renouvelée annuellement pour faire part des avancées des travaux et sera complétée de visites d’essais en cours.

 

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