Photosynthèse

La photosynthèse, moteur de la croissance de Saipol

Article rédigé le 4 mars 2021

Échange avec Christophe Beaunoir,

Directeur général de Saipol

Saipol est en train de regagner sa place au soleil. Les changements lui réussissent. L’entreprise, leader européen de la valorisation des graines de colza et de tournesol, se positionne dorénavant comme l’un des acteurs clé de la transition énergétique, agricole et alimentaire, avec l’autonomie protéique en ligne de mire. Mais ce qui anime l’entreprise, c’est d’embarquer les agriculteurs dans le cercle vertueux d’une agriculture décarbonée et rémunératriceEn 2020, une centaine de producteurs en direct et une quinzaine de coopératives et négoces sont déjà montés à bordL’objectif est de puiser dans l’agronomie des leviers de croissance autour de graines 100 % françaises. Le point sur cette stratégie avec Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol. 

fleur de colza

Si en 2021, il regarde le chemin parcouru par l’entreprise avec satisfaction, il prend le juste recul sur les années difficiles : « Il fallait le temps de maturation pour passer d’une logique de volume à celle d’un marché de spécialités et donner du sens à notre missionNotre seule raison d’être était de soutenir une filière approvisionnée à l’origine à partir de jachères à vocation énergétique  et défiscalisée ! Au terme de cette période qui s’est achevée en 2015, il a fallu totalement réinventer le modèle. Désormais, nous sommes un acteur à part entière de la bioéconomie  et de l’autonomie protéique ». Pour faire le lien avec ce positionnement, rester cohérent dans l’offre commercialeil conduit le redressement de Saipol autour des trois enjeux qui animent l’agriculture du 21e siècle : fournir une alimentation de qualité, préserver les ressources naturelle et lutter contre le réchauffement climatique via le stockage du carbone dans les sols et la réduction de la consommation d’énergie fossile, apanage d’une agriculture moderne très mécanisée.  

Cette transformation passe aussi par la redéfinition du périmètre de l’entreprise : « nous étions enfermés dans un modèle de fourniture de graines contraint par l’histoire et d’un débouché monolithique, au point de devenir la variable d’ajustement des grands distributeurs de carburant, sous pression du dumping des imports ». La multicanalité, à l’amont comme à l’aval, et le recours au digital ont été déterminants : diversifier les sourcings et les débouchés, aller chercher la valeur sur de nouveaux marchés – Saipol exporte plus de 50% de ses esters – et jusqu’au consommateur, ont permis d’ouvrir de nouveaux horizons. « Le meilleur exemple en est Oleo100, né de notre volonté d’offrir directement aux collectivités locales et aux transporteurs une énergie nouvelle 100% renouvelable en « direct producteur » par la mise à disposition d’une cuve ».

Capter de la valeur, de la graine au réservoir

Et ça se bouscule aujourd’hui aux portes de Saipol pour mettre de l’Oleo100 dans son réservoir ! Ou plutôt pour mettre un peu de l’agriculture française sur les routes d’Europe, et ce, jusqu’en Scandinavie ! Car c’est bien l’essence même de la stratégie déployée depuis 2017 par Christophe Beaunoir avec ses équipes.

L’entreprise crée à nouveau de la valeur. Pour l’agriculteur d’abord, puis tout au long du process de transformation, en développant une filière cohérente autour de la graine française avec un objectif environnemental et sociétal. « Nous sommes animés par le caractère vertueux de notre démarche, raconte-t-il. Avec Oleo100, nous produisons un biocarburant dont les graines de colza sont issues d’une agriculture décarbonée et plus durable. Cette énergie permet d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport tout en stimulant la transition agricole. » Au point que l’un des partenaires historiques, Renault Truck, fabrique désormais des poids lourds dotés d’un moteur adapté, dès sa conception, pour fonctionner avec cette nouvelle énergie issue des territoires… le tout sans aucun surcoût !

Acteur à part entière de la bioéconomie

Cette stratégie fonctionne si elle rémunère à un juste niveau chaque acteur de la filière qui par son action de production, de stockage, de distribution, crée de la valeur. « Nous sommes les premiers à ouvrir le chemin vers une agroécologie qui rémunère l’agriculteur à la hauteur de ses efforts via notre solution OleoZE lancée en février 2020 », complète-t-il. Les premiers lots de graines de colza achetés dans le cadre de pratiques agricoles durables et tracées ont été livrés par une quinzaine de coopératives et négoces avec leurs agriculteurs adhérents ou clients, et plus d’une centaine d’agriculteurs en direct. Ils agissent sur les postes d’émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre avec 60% à plus de 100% d’économies de GES à la clé en stockant plus de carbone dans les sols. Ils implantent des cultures intermédiaires, laissent de la biomasse au sol : « L’agronomie est au premier plan, elle nous offre de formidables leviers de croissance car nous sommes là pour valoriser l’innovation.» Il prend pour exemple les essais que conduit Saipol avec la cameline, plante de la famille du colza, économe en intrants, à cycle plus court, dont la graine triturée donne une huile utilisable en carburant. « Au lieu de mettre de la moutarde entre deux cultures, qu’il faudra détruire, nous recherchons des solutions qui rapportent », complète-t-il. Le champ des possibles est immense avec une source d’approvisionnement en matières premières amenée à se diversifier. « Nous nous projetons comme l’acteur central de la valorisation de l’agriculture durable en proposant des solutions pour les transitions énergétique et alimentaire. Quand ils consomment Oleo100, nos clients savent qu’ils réduisent leurs émissions de GES. Ils savent aussi qu’il contribuent concrètement à une agriculture plus durable et locale. Enfin ils sont fiers de favoriser l’autonomie en protéine végétale en limitant notre dépendance au soja importé ».

christophe beaunoir

« Nous sommes un acteur clé de l’autonomie protéique et de la bioéconomie en allant chercher la valeur que nous redistribuons jusqu’à l’agriculteur »

Christophe Beaunoir, Directeur général de Saipol