Dans les cinq prochaines années, la croissance de Saipol sera portée par l’optimisation de l’approvisionnement en matières premières et par une meilleure valorisation des produits. Les marchés de spécialités comme les huiles à usage énergétique ou les ingrédients sont en plein essor. La demande en protéine végétale concentrée reste soutenue. Jean-Philippe Penet, directeur trading & commerce, a travaillé sur ce repositionnement. Trader par passion, il a su emmener avec lui ses équipes pour écrire une toute nouvelle page, qui s’annonce de son propre aveu, « enthousiasmante et conquérante ».
L’offre et la demande agricole, les marchés mondiaux, ont longtemps été le terrain de jeu de Jean-Philippe Penet, directeur trading & commerce au sein de Saipol. D’ailleurs, il affirme avec une grande fierté, « être tombé dans les commodités tout petit », dès son stage de fin d’étude d’ingénieur agricole, et « n’aurait pas voulu faire un autre métier ». Monter au front, maîtriser les risques, négocier les contrats d’achat et de vente : toutes ces opérations ont rythmé son quotidien, jusqu’en 2017. À cette date, Saipol a dû engager un plan de transformation stratégique afin de renouer avec les profits. La concurrence du biodiesel d’huile de palme et de soja, la faible valorisation de celui de première génération issue du colza, avec un prix aligné sur le cours du pétrole, la suppression de la défiscalisation partielle de taxe intérieure de consommation (TIC), ont fragilisé l’entreprise.
Les cotations des graines, des tourteaux, des huiles et du gasoil, ne devaient plus être les seuls chiffres à manier. Pour passer d’une démarche très trading vers une approche centrée sur les produits de spécialités à plus forte valeur ajoutée, il a dû se familiariser avec les indicateurs de performance économique. « J’ai pu poser sur le papier ce que j’avais dans la tête afin de donner des clés de confiance aux équipes financières. » Et avoue avoir la satisfaction de tourner une page en 2021.
Sécuriser l’offre d’approvisionnement de Saipol, sortir du risque et capter de la valeur
« Nous sortons enfin la tête de l’eau, assure-t-il. Nous sommes vraiment sur un changement de cycle. Pendant les quatre dernières années nous nous demandions ce que nous pourrions faire de notre production. Pour les cinq prochaines, toute la question sera de savoir : qui pourrons nous servir et comment choisir parmi nos nombreux débouchés les plus stratégiques ? » L’enjeu pour les usines de transformation réside dans la maîtrise et la sécurisation de l’approvisionnement afin de répondre à une demande croissante en huile et en tourteaux, hors soja. Elle est utilisée en alimentation et à des fins énergétiques. « Nous devons avoir la main mise sur les matières premières dont nous aurons besoin demain, assure-t-il. La solution est de jongler avec toutes les origines.» Les graines françaises issues de pratiques agricoles durables sont négociées via notre solution OleoZE. Elles servent notamment à la fabrication de carburants à bas niveau de gaz à effet de serre (GES), à Oleo100 et à la production d’huiles prétraitées pour les bioraffineries. « Mais, le recul des surfaces de colza en France nous amène par exemple à acheter du canola canadien, riche en protéines, complète-t-il. L’ensemble de notre approvisionnement nous permet ainsi de satisfaire tous les débouchés et projets !»
Manager le changement
Avec cette nouvelle étape, plus constructive, Jean-Philippe Penet prend aussi de la hauteur. « Je suis moins en première ligne, bien plus dans le management et la stratégie », explique-t-il. Il passe la main aux responsables commerciaux et à ceux des pôles trituration, estérification et raffinage. Lui-même bien accompagné pour négocier la transition du modèle de production de Saipol, il avoue avoir la satisfaction de voir son équipe grandir tout en affirmant être convaincu d’avoir la meilleure équipe sur le marché européen.
« Notre défi à horizon 2025 ? Sécuriser notre approvisionnement en matières premières afin de satisfaire toutes les demandes en huiles et protéines végétales »
